Nous
pouvons trouver des groupes de crime organisé un peu partout dans le
monde. Parmi les plus connus, il y a la mafia italienne, les triades
chinoises ou encore, et c'est ce qui va nous intéresser ici, le
Bôryokudan (暴力団
) au Japon, dont
les membres sont connus sous le nom de Yakuza ヤクザ
(bon à
rien) ou gyangu (gangster). Ce nom vient à l'origine d'une
combinaison de chiffres perdante d'un très vieux jeu de cartes
japonais (Oicho-Kabu) : 8, 9 et 3. Cependant, le terme Bôryokudan
(littéralement ''groupe violent'') désignant n'importe quel
criminel violent ou voyou japonais, les yakuza le considère plutôt
comme une insulte.
On
dénombre actuellement plus de 80 000 yakuza (contre 184 000 entre
1958 et 1963). Même si leurs effectifs ont beaucoup diminué depuis
la loi antigang de 1992 (loi
qui est uniquement administrative et non pénale), ils
restent la plus grande organisation de crime organisé du Monde.
Leurs
effectifs sont concentrés dans 4 familles principales :
- Yamaguchi, la plus grande famille avec plus de 21 000 membres répartis en 750 clans.
- Sumiyoshi : environ 8 000 membres répartis dans 177 clans.
- Inagawa : environ 5 000 membres répartis dans 313 clans.
- Tao Yuai Jigyo Kummiai, (ou Tôa-kai), avec plus de 1 000 membres et 6 clans. Sa particularité est qu'elle est composée d'une majorité de yakuza d'origine coréenne.
La
différence avec les autres mafias est que celle ci a une existence
officielle et les yakuza opèrent généralement dans un cadre
presque légal. La loi de 1992 que j'ai cité plus haut a
obligé les clans à prendre une façade ''légale'' sous forme
d'association, de groupes commerciaux ou d'entreprise. Et en cas de
non respect de cette loi, un simple rappel à l'ordre sera envoyé au
fautif.
Concernant
l'organisation du clan, les yakuza ont une structure hiérarchique,
pyramidale.
Dans
chaque famille, nous retrouvons un patriarche, l'Oyabun (le parent,
le chef) ou Kumichô (le chef de clan), et ses « enfants »,
les Kobun (« protégés ») et la notion de respect
« père/fils » se doit d'être strictement respectée (le
kobun pourra même aller jusqu'à faire de la prison pour le chef ou
devra « accepter de mourir » pour lui, selon le code
d'honneur yakuza). Cette structure est semblable à celle de la mafia
sicilienne.
Parmi
les principales traditions des yakuza, on retrouve le port du
tatouage (irezumi), la façon de s'habiller (costumes colorés et
lunettes noires) pour être reconnu par les autres citoyens, et sans
doute la tradition la plus connue : celle de l'amputation des doigts
à chaque infraction du code d'honneur.
Pour
parler un peu des activités lucratives « pas vraiment
légales » des yakuzas, nous pouvons citer le racket des
sociétés (en échange de la protection de l'organisation), le sumo
et le puroresu (lutte professionnelle japonaise), les paris et les
jeux, les trafics de drogue, d'armes, d'immigration clandestine ou
encore la prostitution et la pornographie.
Cela
dit, même
sans parler forcément de yakuza, l'idée de clan est également
quelque chose de très présent au Japon. En effet, jusqu'à il y a
un peu plus d'un siècle, le sentiment d'appartenir à une nation
était inexistant, de même que celui d'unité politique.
Le
Japon était divisé
en plusieurs domaines seigneuriaux (appelés han), qui dépendaient
en principe tous d'une même personne (le shôgun Tokugawa) au nom de
qui les seigneurs de chacun des domaines (les daimyôs) devaient en
gérer les terres. Les Japonais étaient donc d'abord les sujets d'un
daimyô avant d'être ceux du shôgun. Et, même si ces han ont été
remplacés en 1871 par les préfectures que nous connaissons
aujourd'hui, le concept même de ces han, transformé en celui de
« clan » ou de « groupe » est toujours
présent dans l'esprit des Japonais, même si ce concept est
différent. Cette sorte de clan peut se matérialiser par
l'appartenance à un groupe d'anciens élèves (depuis le jardin
d'enfant jusqu'à l'université) par exemple ou encore par
l'appartenance à une société. Cela se démontre facilement avec
l'usage qu'on les Japonais de la carte de visite. Sur celle ci vous
verrez toujours le nom de la personne accompagné du nom de la
société à laquelle elle appartient. En général, les gens se
présentent en temps que membre de telle compagnie ou de tel bureau
administratif.
LE
SAVIEZ-VOUS ? Même si en général le nom yakuza est associé
à une organisation criminelle, elle fait partie intégrante de
l'économie japonaise et après la catastrophe de mars 2011, ils ont
participé financièrement à la reconstruction du pays.
Misaki.
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